Un ruban brun immense comme un continent s’est formé entre l’Atlantique et l’Afrique… et ce n’est pas bon signe

Un nouveau territoire marin émerge, révélateur des pressions sur l'océan

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Un ruban brun traverse l’Atlantique comme une cicatrice géante, reliant l’Afrique à l’Amérique sans un bruit. Personne n’en parlait il y a quinze ans. Aujourd’hui, ce continent d’algues, ces sargasses pélagiques qui dérivent en silence, inquiète pêcheurs, scientifiques et touristes. Les satellites ne mentent pas : leur prolifération menace nos plages, notre biodiversité, et même nos ports. En quelques années, ce phénomène discret est devenu une urgence mondiale, visible depuis l’espace.

Ce continent flottant transforme l’océan sous nos yeux

En 2011, personne n’aurait cru voir les sargasses envahir l’Atlantique à ce point. Mai dernier, 37,5 millions de tonnes d’algues brunes formaient un ruban de 8 850 km, plus de deux fois la largeur d’un continent. Jadis confinées à la mer des Sargasses, ces végétaux prolifèrent désormais jusqu’au golfe du Mexique, comme si l’océan lui-même perdait ses repères.

D’après futura-sciences.com, une étude récente, menée sur quarante ans de données satellites, confirme l’ampleur du phénomène. Les chercheurs du Harbor Branch Oceanographic Institute sont formels : la Grande Ceinture de Sargasses (GASB) n’existait pas avant 2011. En 2025, son extension record marque une rupture brutale. Ce n’est plus une marée saisonnière, mais une présence permanente, étouffant peu à peu l’équilibre marin.

Souvenez-vous : en 1991, une centrale nucléaire en Floride a dû fermer ses portes, submergée par ces algues. Depuis 2004, le golfe du Mexique voit des « andains » géants s’accumuler chaque année. Ces échouages massifs ne sont pas qu’un désagrément : ils détruisent les récifs, asphyxient les fonds marins, et coûtent des millions aux communes côtières.

Pourquoi ce continent d’algues grossit-il sans cesse ?

Tout part d’un excès de nutriments. Entre 1980 et 2020, la teneur en azote des sargasses a bondi de 55 %. Leur secret ? En eaux riches, elles doublent de biomasse en onze jours. Et ces nutriments ne viennent plus seulement de l’océan : les ruissellements agricoles, les eaux usées et les dépôts atmosphériques alimentent désormais cette prolifération.

Le fleuve Amazone joue un rôle clé. Ses crues annuelles déversent des tonnes de nutriments dans l’Atlantique, dopant les sargasses. À l’inverse, les sécheresses ralentissent temporairement leur expansion. Mais avec le réchauffement climatique, ces cycles naturels s’emballent. Résultat : les courants comme le Gulf Stream transportent ces masses végétales sur des milliers de kilomètres, créant des accumulations monstrueuses.

L’eutrophisation, cet excès de nutriments dans l’eau, n’est plus un simple problème côtier. Elle façonne désormais l’océan tout entier. Et chaque année, les scientifiques constatent une chose : plus les océans se réchauffent, plus les sargasses prospèrent. Un cercle vicieux qui menace de s’aggraver.

Un danger pour la vie sous-marine et nos économies

Si les sargasses abritent poissons, tortues et invertébrés, leur excès devient toxique. En se décomposant, elles libèrent du sulfure d’hydrogène, un gaz mortel qui crée des zones sans vie. Les plages, recouvertes de boue brune, perdent leur attractivité touristique. À Miami ou Cancún, les coûts de nettoyage explosent, pesant sur les budgets locaux.

Leur dégradation émet aussi du méthane, un puissant gaz à effet de serre. Ces émissions, encore mal évaluées, pourraient amplifier le réchauffement climatique. Imaginez : plus les océans chauffent, plus les sargasses poussent, relâchant encore plus de gaz. Une rétroaction dangereuse, difficile à enrayer.

Face à cette crise, les scientifiques tirent la sonnette d’alarme. Une surveillance internationale s’impose, ainsi que des modèles prédictifs améliorés. Mais surtout, il faut agir à la source : réduire les engrais agricoles, traiter les eaux usées, et protéger les zones humides. L’enjeu ? Préserver non seulement les côtes, mais l’océan global.

L’océan nous envoie un message urgent

Ce ruban brun n’est pas qu’un désagrément estival : il révèle une transformation profonde de nos mers. Avec le réchauffement climatique, d’autres régions pourraient bientôt subir des marées brunes comparables. Agir maintenant, c’est sauver nos plages, nos pêches, et même notre climat. Ce continent d’algues nous rappelle une vérité simple : la santé des océans est la nôtre. Et chaque geste compte.

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