Les personnes à haut potentiel intellectuel (HPI), c’est-à-dire celles dont le quotient intellectuel atteint ou dépasse 130, entretiennent un rapport singulier avec l’heure du coucher. Là où beaucoup voient ce moment comme une parenthèse de détente avant le sommeil, les HPI adoptent souvent des habitudes bien particulières. Leur activité mentale intense influence leur manière d’aborder la nuit. Mais ce rituel, qui s’est imposé au fil du temps, n’est pas réservé exclusivement aux HPI.
Une étude publiée en 2003, dirigée notamment par le Dr Revol, chef du service de neuropsychiatrie de l’enfant au CHU de Lyon et pédopsychiatre spécialiste des enfants surdoués, montre que leur sommeil suit un rythme différent. Les HPI présentent en moyenne davantage de cycles de sommeil (6,40 contre 4,21) et plus courts (70 minutes au lieu de 90). Le sommeil paradoxal arrive plus tôt et, en fin de nuit, leur repos se limite au sommeil léger et paradoxal.
La psychologue Arielle Adda, experte de la douance et auteure de De l’enfant à l’adulte doué, construire sa personnalité, explique ce phénomène : « Les personnes surdouées traitent l’information plus rapidement que la moyenne. Or, c’est pendant le sommeil paradoxal que le cerveau organise et classe ces données. » Elle ajoute que leurs rêves, souvent vifs et liés à leur vécu quotidien, traduisent aussi cette intensité.
Un cerveau qui refuse de ralentir
Cette hyperactivité mentale a un prix : la difficulté à trouver le calme au moment du coucher. « Les HPI repassent en boucle les moments marquants de leur journée, leurs erreurs, ce qu’ils auraient pu mieux faire… Leur perfectionnisme accentue ce processus », précise Arielle Adda.
Chez les adultes, ce phénomène est encore plus marqué, car ils savent à quel point le sommeil est essentiel. Beaucoup considèrent pourtant que dormir est une perte de temps. Dès l’enfance, ils abandonnent rapidement la sieste et ne comprennent pas pourquoi les autres enfants continuent à en faire.
La lecture, un refuge récurrent
Face à cette agitation nocturne, un grand nombre de HPI adoptent un rituel bien précis : la lecture. « Les surdoués ont une attirance particulière pour les livres. Lire le soir les apaise, mais les pousse aussi à veiller tard, ce qui complique le réveil », souligne la psychologue. Ces troubles du sommeil fréquents constituent d’ailleurs un indice souvent pris en compte dans le diagnostic de la précocité intellectuelle.
Quelles solutions pour mieux dormir ?
Il n’existe pas de recette miracle, mais certaines pratiques peuvent faciliter l’endormissement : exercices de respiration, étirements, rituels apaisants ou moments de relaxation. Dans les cas les plus sévères, un suivi médical et un traitement peuvent être envisagés. Comme le rappelle Arielle Adda : « Le sommeil est fondamental. »