Sur une plage australienne, la mer s’est refermée sur un surfeur. L’émotion est immense, le doute domine sur la valeur des filets. Pensés pour protéger, ils divisent, car leur efficacité paraît inégale et leur coût écologique s’alourdit. À chaque requin qui s’approche, la question revient : faut-il maintenir ce système ou revoir la stratégie côtière ? Le pays rouvre un dossier ancien.
Les filets anti requin restent un héritage centenaire contesté
Le dispositif remonte à 1922, inauguré à Coogee, Sydney, affirme cnews.fr. Chaque été, des filets sont posés sur 51 plages de Nouvelle-Galles du Sud. Placés à des centaines de mètres, ils n’atteignent que six mètres de haut. Un requin ou un grand poisson peut passer au-dessus, en dessous, ou contourner.
À l’époque, des chercheurs présentaient ces filets comme une réponse solide. La hauteur limitée ne crée pourtant aucune barrière étanche avec le large. Les eaux peu profondes, riches en nageurs et surfeurs, restent exposées. La distance au rivage, combinée au courant, multiplie les angles d’entrée. Le sentiment de sécurité trompe.
Après la mort d’un surfeur de 57 ans au large de Sydney, le débat a repris. Le gouvernement australien a suspendu un projet pilote de retrait des filets. L’objectif consistait à mesurer leur rôle réel avant décision durable. Cette pause signale une réévaluation du risque pour les baigneurs et surfeurs.
Pourquoi le requin franchit encore des barrières supposées protectrices
Pour Robert Harcourt, écologue marin à l’Université Macquarie, la finalité des filets est brutale. Ils ne sont pas conçus pour stopper, mais pour tuer et piéger. Un filet capture tout ce qui entre ou sort d’une baie fréquentée. La protection se confond avec la mortalité souvent infligée aux animaux marins.
Les chiffres cités par les autorités montrent une réalité contre-intuitive. Près de 40 % des captures de requin concerneraient souvent des individus piégés regagnant le large. Le dispositif favorise donc des situations d’impasse plutôt qu’un éloignement serein. Le risque persiste autour des filets, tandis que la plage se croit sûre.
Le maillage de soixante centimètres vise le blanc, le bouledogue et le tigre. Ces espèces figurent parmi les plus massives et dangereuses pour l’humain. En pratique, près de 90 % des prises concernent des espèces non ciblées, souvent protégées. Plus de la moitié succombe, ce qui alourdit le bilan écologique.
Un système critiqué pour ses effets collatéraux massifs
Ces prises accidentelles créent un effet d’appel, car des animaux blessés émettent des signaux. Attiré par ces stimuli, un requin peut approcher plutôt la zone que s’en écarter. La dynamique transforme cette barrière supposée en piège près des baigneurs. Le paradoxe renforce la controverse et affaiblit la confiance du public.
Dans les zones peu profondes, la protection demeure lacunaire malgré l’installation saisonnière. Le passage au-dessus, en dessous ou autour reste possible selon houle et courant. Les secteurs dédiés au surf concentrent l’activité, donc une part du risque résiduel. Le sentiment d’écran total ne correspond pas aux capacités réelles du dispositif.
Face à l’émotion, les autorités ont choisi de temporiser et d’évaluer différemment. La suspension du pilote ouvre un temps d’analyse, avec un examen bénéfice-risque assumé. La protection des baigneurs demeure prioritaire, tandis que l’impact sur la faune compte enfin. Le futur cadre cherchera un équilibre entre sécurité, efficacité et responsabilité.
Ce drame relance une recherche d’efficacité et d’éthique
Le choc rappelle l’impératif de protéger sans illusions ni dégâts inutiles. Les filets, anciens et imparfaits, doivent prouver leur utilité face aux risques réels. Le gouvernement veut mesurer mieux, car chaque requin qui franchit la maille révèle une limite concrète. Clarifier l’objectif, adapter les moyens et réduire l’impact écologique aideraient à sécuriser les plages.