Depuis peu, la Cour des comptes accélère sa lutte contre la fraude aux pensions. Près de deux millions de retraités sont désormais concernés par une vaste campagne de vérification. L’objectif est clair : éviter que des pensions soient versées à des personnes décédées ou à ceux qui profitent abusivement du cumul emploi-retraite. En toile de fond, il s’agit surtout de préserver l’équilibre du système et de limiter les anomalies.
Chaque année, la fraude aux retraites représenterait près de 60 millions d’euros de pertes pour les finances publiques. Pour y faire face, les autorités renforcent la surveillance, en particulier pour les retraités vivant à l’étranger. Ce public, plus difficile à contrôler, fait l’objet d’une vigilance accrue afin d’assurer la légitimité de chaque versement.
Le vieillissement de la population, la mobilité croissante et la forte proportion de pensionnés expatriés expliquent ce durcissement. Aujourd’hui, près de 710 000 retraités vivent à l’international et doivent régulièrement prouver leur existence. Les caisses de retraite exigent pour cela des documents précis :
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Un certificat d’existence (ou certificat de vie) récent.
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Une pièce d’identité valide.
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Un acte de naissance original ou une copie certifiée.
Le délai est strict : trois mois pour transmettre ces justificatifs. Passé ce temps, les pensions peuvent être suspendues immédiatement, obligeant les retraités concernés à régulariser rapidement leur situation. L’administration veut ainsi s’assurer que les fonds publics ne soient pas détournés ou maintenus à tort après un décès non signalé.
Ce contrôle vise en priorité les retraités expatriés dans des pays comme le Maroc, l’Algérie, le Portugal ou l’Espagne. Dans ces zones, les pensions représentent souvent une part importante du revenu, parfois jusqu’à 74 % du dernier salaire. La vérification régulière devient donc essentielle pour éviter tout abus et maintenir la confiance dans le système.
Cumul emploi-retraite : l’autre priorité de la cour des comptes
La Cour des comptes ne se limite pas à la vérification d’existence. Elle s’attaque aussi à un autre phénomène en forte croissance : le cumul emploi-retraite. Le nombre de retraités concernés a presque doublé en quelques années, passant de 475 000 en 2022 à près de 900 000 attendus d’ici 2025.
Si ce dispositif offre une flexibilité bienvenue à certains, il soulève aussi des questions d’équité. Certains profils, notamment des médecins ou des professions libérales, perçoivent des revenus dépassant 100 000 euros par an grâce au cumul. Une situation qui choque face à d’autres retraités modestes et qui alimente le débat sur les effets d’aubaine.
Actuellement, toute personne ayant liquidé ses droits peut reprendre une activité professionnelle tout en touchant sa pension. Mais selon la Cour des comptes, les règles sont trop souples et favorisent parfois des abus. Les autorités envisagent donc plusieurs pistes :
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Fixer des plafonds de revenus pour encadrer le cumul.
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Limiter la durée pendant laquelle il est possible de travailler après la retraite.
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Renforcer les critères d’accès pour cibler uniquement ceux qui en ont réellement besoin.
Le message est clair : le cumul emploi-retraite doit rester un outil de solidarité et d’équilibre, pas un moyen de maintenir un niveau de vie très élevé aux frais du système.